CATECHISME.ORGParce que le catéchisme est l’enseignement par excellence…


 

Mandement de Monseigneur l’Évêque de Soissons.

 

 

 

JOSEPH, par la grâce de Dieu et l’autorité du S. Siège, Évêque de Soissons : Aux Curés, Vicaires, Catéchistes, Pères et Mères de famille de notre Diocèse, Salut et Bénédiction.

Nous vous présentons, mes chers Frères, le Catéchisme que vous Nous demandiez, avec empressement, et que Nous avons composé avec tout le soin que mérite un Ouvrage si important, et Nous osons le dire si difficile. Mais quelque difficile qu’il fût, le travail Nous en a paru léger, dans l’ardeur où nous étions de féconder vos Saints désirs, et de vous faciliter l’instruction de ceux dont le salut vous est confié.

Le livre par excellence.

Nous vous mettons à cet effet entre les mains cet abrégé qui renferme tout à la fois
♦ tout ce que la foi propose de Mystères,  
♦ tout ce que la piété inspire de sentiments,
♦ et tout ce que les vertus chrétiennes exigent de pratiquer.
Ce sont ces trois choses que Nous nous sommes appliqués à renfermer dans ce petit volume ; persuadés, que si c’est un devoir indispensable aux Pasteurs d’instruire les enfants, ce devoir
♦ ne se borne pas à éclairer leurs esprits par la connaissance des vérités de la foi,
♦ mais qu’ils doivent encore s’étudier à consacrer leur cœur par la ferveur de la charité,  
♦ et à former leurs mœurs par la pratique de la vertu.
Devoir d’autant plus pressant, que ces jeunes cœurs ne sont pas moins susceptibles des semences de la piété que de celles de la science, et qu’il ne leur est pas moins important d’apprendre à aimer Dieu, qu’à l’adorer et à le connaître.

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Les Pratiques

C’est là la vue que Nous nous sommes principalement proposée dans ce Catéchisme : c’est dans cet esprit que Nous y avons répandu plusieurs de ces questions et de ces motifs qui sont propres à intéresser le cœur, et à y exercer les sentiments de la ferveur ; et c’est particulièrement à ce dessein que Nous avons ajouté à chaque matière des Pratiques capables de former les mœurs et de nourrir la piété. Si un Catéchiste entre dans nos vues, il lui sera aisé de choisir à chaque leçon une ou deux de ces Pratiques, selon la portée de ses écoliers, de les leur faire répéter de manière que tous les puissent retenir, et d’en recommander soigneusement l’exécution. Quel fruit ces enfants ne tireront-ils pas de cette méthode ? Assujettis de bonne heure aux pratiques de la vie chrétienne, ils prendront dès l’enfance de saintes habitudes ; en eux, la piété se fortifiera avec l’âge, et croîtra, pour ainsi dire, avec eux ; la malice du siècle trouvera leur cœur armé contre ses séductions, et ils auront part « au bonheur de ceux qui portent dès la jeunesse le joug aimable du Seigneur » (Thren. 3, 27).

Les Histoires

Les Histoires que Nous avons indiquées à chaque Leçon, tendent au même but ; mais elles ont encore d’autres utilités.
♦ Rien n’est plus propre à attirer l’attention des enfants, et à leur faire prendre goût aux catéchismes, que
le fruit de ces événements merveilleux qui piquent leur curiosité ; surtout si le Catéchiste, après s’en être instruit par la lecture des endroits que Nous avons cités, prend le soin de les raconter en des termes nobles, intéressants et pathétiques.  
♦ D’ailleurs
ces événements ayant un rapport sensible aux matières auxquelles Nous les avons joints, on sent assez combien ils serviront à inculquer aux enfants les vérités qu’on leur aura enseignées, et à leur apprendre à se former de justes idées de la grandeur de Dieu, de sa justice, de sa providence, de sa miséricorde, dont ces événements rendent d’illustres témoignages.  
♦ Enfin
ces Histoires reçues par ces enfants avec l’avidité que leur donne la curiosité naturelle à leur âge, serviront encore à rendre familière en peu de temps aux plus grossiers l’Histoire entière de la Sainte Écriture.

 

Tel est le dessein que Nous nous sommes proposé, en ajoutant à la forme ordinaire des Catéchismes, les Histoires et les Pratiques que vous trouverez dans celui-ci : Nous nous réservons à vous enseigner plus en détail dans une instruction exprès la manière d’en tirer tout le profit que Nous nous en promettons, et en même temps Nous vous prescrirons les règles qu’on doit observer en faisant les Catéchismes, pour les rendre profitables

Exhortation.

Nous nous bornons aujourd’hui à vous conjurer, par la bonté que J.-C. a témoignée pour les petits enfants, et par tout ce qu’il a fait pour leur salut et pour le nôtre, de vous appliquer sérieusement et constamment à l’instruction de ces petits à qui le Royaume des Cieux est destiné (Marc. 10, 14). Mais de vous y appliquer dans l’esprit dans lequel Nous avons composé ce Catéchisme ; c’est-à-dire, dans la vue de leur faire goûter les vérités que vous leur enseignez, de consacrer leur cœur par l’amour de J.-C. en formant leur esprit par la connaissance des Mystères.

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Au reste si vous trouvez dans ce petit ouvrage des questions et des réponses qui passent la portée des jeunes enfants, n’en soyez point étonnés. Il a fallu préparer à tous les âges et à tous les esprits les instructions qui leur étaient propres : Et Nous avons jugé qu’il fallait mieux que les moins avancés trouvassent des choses qu’ils n’entendraient pas, que de priver les autres des instructions qu’ils seraient capables d’entendre, et qu’ils n’ignoreraient pas sans danger. C’est au Catéchiste à proportionner ses questions à la portée de ceux qu’il instruit. Il n’est pas nécessaire qu’il enseigne aux plus jeunes toutes les questions qui se trouvent dans chaque article. Il doit choisir une première année celles qui seront et plus faciles et plus nécessaires ; une autre année il leur fera apprendre celles qui sont un peu plus relevées : et enfin il pourra, selon leur pénétration, les faire entrer dans ce qu’il y a de plus sublime dans les Mystères de la Religion.

Et vous, Pères et Mères de famille, c’est dans les mêmes vues que Nous vous présentons cet ouvrage, et Nous vous conjurons d’en faire le même usage que Nous venons de prescrire à vos Pasteurs. Un de vos plus essentiels devoirs, c’est d’instruire les enfants que Dieu vous a donné d’être, pour ainsi dire, leurs premiers évangélistes. C’est à vous à leur apprendre à consacrer
♦ leurs premières paroles par l’invocation du Saint Nom de Jésus,
♦ leurs premières pensées par la connaissance de Dieu qui leur a donné l’être,
♦ les premiers mouvements de leur cœur par son amour.
Voilà votre devoir, et un devoir si indispensable que c’est un péché énorme de le négliger. Le S. Esprit vous l’ordonne dans l’Écriture (Eccli. 7, 25). Et S. Paul ajoute de sa part, que vous êtes pires qu’infidèles, si vous ne procurez l’instruction, même de vos serviteurs (I Tim. 5, 8). Ce sera un devoir qui sera un jour la matière de votre jugement, et peut-être, hélas ! celle de votre condamnation. Alors on vous demandera compte de l’éducation de vos enfants, on vous reprochera leur ignorance, peut-être même vous imputera-t-on les crimes que leur ignorance aura causés.

Prévenez, je vous conjure, ces jugements terribles par votre fidélité à instruire vos enfants. Avant que d’être présenté au Curé pour être admis à ses instructions, ils doivent avoir appris chez vous au moins l’abrégé de ce Catéchisme, pour être en état de profiter des instructions plus solides qu’on leur donnera à l’Église. Quand ils y seront admis, veillez à ce qu’ils assistent régulièrement à tous les Catéchismes qui s’y feront. Faites-leur rendre compte au retour de ce qu’ils y auront appris : Faites-leur raconter l’Histoire qu’ils auront entendue ce jour-là, et réciter les Pratiques qu’on leur aura inspirées ; vous recueillerez en peu de temps le fruit de votre vigilance ; vos enfants devenus dociles à la Loi de Dieu, le seront de même à vos volontés ; leur piété fera le bonheur de votre vie, ils seront un jour la consolation de votre vieillesse.

 

À ces causes

À ces causes,

Nous ordonnons que ce Catéchisme sera seul enseigné dans tout notre Diocèse ; défendons d’en enseigner aucun autre au préjudice de celui-ci.

Donné à Soissons le quatorzième jour d’octobre, l’an de grâce mil sept cens seize, et de notre épiscopat le deuxième.

Signé, † J. Joseph, évêque. Et plus bas, par Monseigneur, Saunier.

Diocèse de Soissons.

Mgr de Gergy [1716].