CATECHISME.ORGParce que le catéchisme est l’enseignement par excellence…

Le meilleur Catéchisme est le plus ancien et le mieux connu.

Mgr Freppel

Mandement de Mgr l’Évêque d’Angers
portant promulgation d’une nouvelle édition
du
Catéchisme diocésain.
28 mars 1875

Charles-Émile Freppel, par la grâce de Dieu et l’autorité du Apostolique, évêque d’Angers,

Au Clergé et aux Fidèles de notre diocèse, salut et bénédiction en Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Nos très-chers frères,

Définition

Le Catéchisme est le manuel de l’enfance chrétienne : c’est dans cet abrégé de la doctrine, expliqué et interprété par les ministres de Dieu, qu’elle doit apprendre la vérité religieuse et morale. Dès le moment où elle devient capable de saisir la valeur des mots, où elle commence à se familiariser avec les signes de la pensée, on lui met entre les mains ce petit livre qui contient en substance tout ce que l’homme doit croire et pratiquer pour arriver à ses fins dernières. Rédigé par demandes et par réponses, sous la forme la mieux appropriée à un enseignement élémentaire, le Catéchisme est destiné à graver dans l’esprit de l’enfant les dogmes et les mystères de la foi, en même temps qu’il l’initie aux devoirs qui seront sa règle de conduite. C’est à comprendre et à retenir le texte de ce livre, que le jeune chrétien exerce tout d’abord son intelligence, et qu’il consacre les premiers efforts de sa mémoire ; et cela est de toute justice, la religion étant le premier et le dernier mot de la vie.

Chose merveilleuse, N. T. C. F. (Nos Très Chers Frères), et qui montre à quel point l’Église sait respecter l’intelligence humaine. A peine l’esprit de l’enfant s’est-il ouvert aux lumières de la connaissance, qu’elle s’empresse de lui enseigner les plus hautes vérités de la foi. Ce n’est pas elle qui voudrait jamais ajourner une instruction à laquelle toute créature humaine a droit, quels que soient son âge et sa condition. Car, pour l’Église catholique, la vérité n’est pas le privilège de quelques-uns, mais le patrimoine de tous. Ces mêmes dogmes qui émerveillent la science et le génie, elle les met à la portée des petits et des ignorants. A quelque niveau que s’arrête l’esprit de l’enfant, la religion descendra vers lui pour l’élever jusqu’à elle : dès le bas âge, elle lui fera bégayer d’abord, comprendre et admirer ensuite ces sublimes doctrines qui remplissaient d’admiration les Augustin et les Thomas d’Aquin. Il n’est pas d’intelligence si infime, qu’elle n’estime assez pour la faire entrer en partage de la vérité, pour lui enseigner, sous la forme qui lui convient, les dogmes de la Trinité, de l’Incarnation, de l’Eucharistie, de la vision béatifique ; et le symbole de foi que professe l’enfant de nos écoles primaires, n’a pas un article de moins que celui du plus grand théologien. C’est avec ce respect et cet amour des âmes qu’on traite l’humanité, lorsqu’on a reçu de Dieu la mission de la conduire à ses fins.

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Mais par cela même que le Catéchisme contient les plus hautes vérités qu’il soit possible à l’homme de connaître ici-bas, il importe, N. T. C.F., que l’esprit de l’enfant soit cultivé dès le premier âge : Voilà pourquoi nous attachons une si grande importance à la bonne tenue et au progrès de vos écoles.

Un livre unique.

Nul plus que nous, catéchistes, n’y est intéressé ; et quand l’Église ne craint pas de placer entre les mains de l’enfant ce livre à la fois sublime et populaire qui apprend à l’homme d’où il vient, où il va et par où il doit marcher, ce bréviaire de la doctrine, qui est la Bible aussi, qui est la Bible encore, mais la Bible éclaircie, formulée, résumée, rendue accessible à tous ; quand elle respecte assez cette intelligence à peine éclose pour l’initier à un ensemble de faits et d’idées que Platon et Cicéron ne soupçonnaient même pas, et qui, depuis dix-huit siècles, ont transporté d’enthousiasme les plus puissants génies, elle n’entend pas que cet abrégé de la théologie chrétienne demeure pour personne une lettre close et une énigme indéchiffrable.

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Un livre urgent.

Oui, il faut que tous, petits et grands, sachent lire et graver dans leurs cœurs ce livre qui obtient pour chacun la règle de la foi et des mœurs. Voulez-vous savoir, N. T. C. F., ce que pensent de l’utilité et de l’excellence du Catéchisme ceux-là même qui ont le malheur de ne pas mettre leurs actes d’accord avec leurs pensées ? Écoutez l’un des hommes qui ont le plus marqué, à notre époque, dans la philosophie et dans les lettres :

« Il y a un petit livre qu’on fait apprendre aux enfants, et sur lequel on les interroge à l’église ; lisez ce petit livre, qui est le Catéchisme, vous y trouverez une solution de toutes les questions que j’ai posées, de toutes sans exception. Demandez au chrétien d’où vient l’espèce humaine, il le sait ; où elle va, il le sait ; comment elle y va, il le sait. Demandez à ce pauvre enfant, qui, de sa vie, n’y avait songé, pourquoi il est ici-bas, et ce qu’il deviendra après sa mort, il vous fera une réponse sublime qu’il ne comprendra pas, mais qui n’en est pas moins admirable. Demandez-lui comment le monde a été créé et à quelle fin ; pourquoi Dieu y a mis des animaux, des plaines ; comment la terre a été peuplée ; si c’est par une seule famille ou par plusieurs ; pourquoi les hommes parlent plusieurs langues ; pourquoi ils soufflent ; pourquoi ils se battent, et comment tout cela finira, il le sait. Origine du monde, origine de l’espèce, question des races, destinée de l’homme en cette vie et en l’autre, rapports de l’homme avec Dieu, devoirs de l’homme envers ses semblables, droits de homme sur la création, il n’ignore rien ; et quand il sera grand, il n’hésitera pas davantage sur le droit naturel, sur le droit politique, sur le droit des gens ; car tout cela sort, tout cela découle avec clarté, et comme de soi-même, du Christianisme » (Jouffroy. Mélanges philosophiques, du Problème de la destinée humaine, p. 455) ».

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Si telle est l’importance, si tels sont les résultats de l’enseignement catéchétique, avec quel zèle et quel dévouement, Messieurs et chers Coopérateurs, ne devons-nous pas nous appliquer à cette partie de notre ministère ? N’hésitez pas à y voir l’une de vos fonctions les plus utiles, celle qui peut-être produit le plus de bien réel et immédiat.

Épigraphe.

Car l’homme reste plus ou moins ce qu’on le fait dès l’enfance, et les impressions du premier âge sont celles qui s’effacent en dernier lieu.

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Veillez avant tout à ce qu’on ne retranche aucune portion du temps qui doit être consacré à l’étude de la doctrine chrétienne, soit à l’école, soit à l’Église. Soyez clairs et méthodiques dans vos explications ; ne laissez passer aucun mot sans faire comprendre ce qu’il signifie ; employez à cet effet les termes les plus simples et les plus usuels. Que l’histoire vienne se mêler à propos au dogme et à la morale, pour varier le sujet, retenir l’attention, et ajouter à l’exposition de la doctrine, toujours sévère par elle-même, l’intérêt et le charme du récit. C’est le conseil que vous donne S. Augustin dans cet admirable traité De catechizandis rudibus, qui résume si bien tous les préceptes du genre (S. Augustin, De catechizandis rudibus, § 5 et suiv.). A l’exemple du divin Sauveur, dont la méthode doit rester la nôtre, ne craignons pas de multiplier les images et les comparaisons, pour être mieux compris de ces jeunes intelligences, en leur présentant la vérité sous une forme capable de les saisir. Rappelons-nous toujours, comme le disait saint Paul, qu’il faut graduer l’instruction suivant les âges, et ne donner aux enfants que le lait de la doctrine, en attendant qu’on puisse leur offrir une nourriture plus forte et plus substantielle (I Cor. 3, 2).

Est-ce à dire, N. T. C. F., que la lecture et l’étude du Catéchisme doivent s’arrêter aux limites de la première enfance ou de la jeunesse ? Gardez-vous bien de le croire. Quoique l’instruction religieuse de vos enfants regarde surtout les prêtres chargés de pourvoir à leurs intérêts spirituels, vous avez l’obligation d’y prêter votre concours autant qu’il est en vous. C’est au sein de la famille, par les leçons du père et de la mère, que doit commencer cet enseignement destiné à se prolonger sur les bancs de l’école et à recevoir dans l’Église sa dernière forme. Aimez à vous faire les répétiteurs de vos chers petits enfants, en cherchant à vous assurer par vous-mêmes qu’ils savent leur Catéchisme, ne serait-ce que pour leur montrer toute l’importance que vous attachez à une étude si indispensable. Ce soin que vous mettrez à vous rafraîchir la mémoire, et à repasser dans votre esprit ces hautes matières, ne sera pas sans profit pour votre propre instruction. A une époque où l’ignorance en matière de religion est malheureusement trop commune, que d’hommes n’entendez-vous pas déraisonner sur la doctrine chrétienne, par la raison toute simple qu’ils ont oublié leur Catéchisme ? Quel d’écrivains même, ayant la prétention de trancher sur le dogme, et qu’on embarrasserait fort en leur posant une de ces questions auxquelles les enfants répondent avec une pleine assurance ?

Définition

Le Catéchisme a cet avantage particulier, qu’il résume les vérités de la foi dans des formules nettes et précises, assez courtes pour s’imprimer profondément dans l’esprit, et assez pleines néanmoins pour offrir un thème de réflexion à toutes les intelligences.

Les éditions du Catéchisme diocésain étant épuisées, nous avons dû songer à en promulguer une nouvelle. C’était pour nous l’occasion toute naturelle de mettre à profit l’expérience des catéchistes pour y faire quelques retouches peu considérables. Partant de ce principe que le meilleur Catéchisme est le plus ancien et le mieux connu : « In catechisandis rudibus, via tritissima tenenda est » (S. Augustin, De catechizandis rudibus, § 16), nous nous sommes borné à simplifier quelques questions, à remplacer certains mots par des expressions plus familières, et à appuyer davantage sur l’un ou l’autre point qui demandait plus d’éclaircissement.

Le meilleur Catéchisme…

Le meilleur Catéchisme est le plus ancien et le mieux connu.

Tradidi vobis quod et accepi.

L’œuvre de nos vénérables prédécesseurs nous a paru si bonne, que nous n’avons eu garde d’y toucher que pour y porter encore plus de clarté et de précision, s’il était possible.

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Prière.

Nous déposons cette nouvelle édition du Catéchisme diocésain aux pieds de Jésus-enfant, le divin protecteur et le modèle des jeunes âmes qui devront se nourrir de ces sublimes vérités pour y trouver la lumière, la force et la vie.

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À ces causes

À ces causes,

Le saint Nom de Dieu invoqué,

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Article premier.

Nous promulguons par le présent Mandement le Catéchisme ci-joint, et Nous défendons qu’à partir du mois d’octobre prochain il en soit enseigné d’autre, tant dans les paroisses que dans les Collèges, Institutions, Communautés religieuses, et tous Établissements d’instruction primaire ou secondaire de Notre diocèse.

Art. 2.

Néanmoins Nous laissons à la prudence de MM. les Curés et Aumôniers de juger s’il convient de faire changer de Catéchisme aux enfants qui ont déjà fait au moins une communion.

Art. 3.

Nous indiquons les deux premières parties et les trois premières leçons de la troisième comme la matière nécessaire de l’instruction que devront posséder les enfants pour l’examen de la première communion.

Art. 4.

Pour éviter les répétitions, Nous ne donnons pas d’Abrégé du Catéchisme, ou de Petit Catéchisme distinct à l’usage des enfants qui n’ont point encore l’âge de la première communion.

Nous indiquons cependant, comme matière de l’enseignement de ces jeunes enfants, la première partie du Catéchisme, puis les deux premières leçons de la deuxième partie, la définition de chacun des Sacrements, et spécialement les notions sur le Sacrement de Pénitence, la confession et l’absolution.

Donné à Angers, sous Notre seing, le sceau de Nos armes et le contre-seing du Secrétaire général de Notre Évêché, le vingt-huitième jour du mois de mars de l’an de grâce mil huit cent soixante-quinze, en la fête solennelle de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Ch.-Émile, évêque d’Angers.

Par Mandement de Monseigneur :

Tardif, Chanoine, Secrétaire général.

Diocèse d’Angers.

Mgr Freppel [1875].