CATECHISME.ORGParce que le catéchisme est l’enseignement par excellence…

C’est qu’un bon Catéchisme est un travail des plus difficiles. Bossuet a mis plus de temps pour rédiger le sien que pour écrire ses pages les plus célèbres.

Cardinal Donnet

Mandement de son Éminence le Cardinal-Archevêque annonçant un nouveau catéchisme à l’usage de son Diocèse.

Ferdinand-François-Auguste Donnet,

Par la grâce de Dieu et du Siège Apostolique, Cardinal-Prêtre de la Sainte Église Romaine, du titre de Sainte-Marie in via, Archevêque de Bordeaux, Primat d’Aquitaine, au clergé et aux fidèles de notre Diocèse Salut et Bénédiction en Notre-Seigneur Jésus-Christ.

 

Nous vous annonçons, Nos Très Chers Frères, la publication d’un nouveau Catéchisme qui devra, seul, être enseigné dans le Diocèse. Nous avons longtemps reculé devant une détermination aussi grave, et nous y avons apporté toute la maturité et même la lenteur qui doivent en assurer le succès.

 

Épigraphe.

C’est qu’un bon Catéchisme n’est pas seulement une œuvre d’un immense intérêt, mais un travail des plus difficiles. Bossuet a mis plus de temps pour rédiger le sien que pour écrire ses pages les plus célèbres.

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Voici en quoi consistent les modifications que les nouveaux besoins des peuples nous ont paru rendre indispensables

D’après les observations qui, souvent, nous ont été communiquées par les ecclésiastiques les plus éclairés, et dont nous avons apprécié toute la justesse dans nos visites pastorales, en interrogeant nous-même les enfants ; après avoir comparé dans son ensemble et dans ses détails notre Catéchisme avec un grand nombre d’autres, nous avons jugé utile de classer les divers chapitres sous une division nouvelle, plus en rapport avec les livres d’instruction publiés depuis un siècle.

Nous l’avons donc divisé en trois parties :  
1. ce que nous devons croire ;  
2. ce que nous devons pratiquer ;
3. les moyens que Dieu nous donne pour croire et pour pratiquer.

De la quatrième partie relative aux fêtes et aux Saints
Nous avons ajouté une quatrième partie relative aux fêtes et aux Saints spécialement honorés dans le Diocèse.
Cette quatrième partie devra être lue dans toutes les écoles et expliquée dans toutes les paroisses ; mais elle ne sera obligatoire, pour la récitation, que dans les séminaires, les lycées, les collèges et pensionnats de jeunes gens et de demoiselles. Nous espérons qu’elle finira par être apprise dans toutes les écoles du Diocèse.

 

Ce Catéchisme sera plus étendu que celui dont vous vous servez en ce moment ; mais il ne vous sera pas difficile de comprendre la raison des additions que nous avons cru devoir y faire.

Notre ancien Catéchisme avait été rédigé à une époque où la plupart des enfants ne savaient pas lire. Il fallait alors un exposé court, succinct, de la doctrine chrétienne ; mais aujourd’hui, qu’ils participent tous à l’instruction primaire, et qu’on enrichit leur mémoire des connaissances les plus variées, ne devons-nous pas, pour les initier à la haute et sublime science de la Religion, mettre le livre élémentaire de la Foi plus en rapport avec les progrès des intelligences ?

De plus, ce Catéchisme fut composé à un âge de saintes croyances, alors que le Christianisme faisait sentir partout son action ; la Religion était dans la société et dans la famille, dans les habitudes privées et dans les mœurs publiques ; le père et la mère commençaient souvent et continuaient toujours auprès de leurs enfants l’instruction développée par le prêtre. Ils leur donnaient, l’un et l’autre, l’exemple des pratiques religieuses, et ils venaient, les saints jours, au pied de la chaire sacrée, fortifier leur amour pour nos vérités catholiques.

Mais en est-il de même aujourd’hui, et n’avons-nous pas à gémir sur l’ignorance de nos dogmes comme sur l’oubli des devoirs qu’ils imposent ?

Vouloir donc s’en tenir à l’enseignement qui suffisait-il y a, cent ans, deux cents ans ; penser que cet enseignement, appliqué à des jours de ferme croyance, doit l’être aussi pour notre époque, si indifférente et, si travaillée par les mauvaises doctrines, ne serait-ce pas s’abuser et laisser la plaie s’envenimer et s’agrandir ?

C’est pour répondre à ces nécessités du temps que nous vous donnons un nouveau Catéchisme. Si nos dogmes ne varient pas, la manière de les enseigner peut varier sans inconvénient ; elle doit même s’harmoniser toujours avec les besoins de la société.

Catéchisme publié en 1704

Du reste, nous avons conservé tout ce qu’il était possible de conserver du Catéchisme publié en 1704, par Mgr Armand de Bezons, et avec les mêmes termes. Plusieurs des additions ont été empruntées à un autre Catéchisme enseigné dans le Diocèse pendant une partie de l’épiscopat de Mgr d’Aviau [] ; en sorte que l’…

Un livre unique.

On retrouvera, dans ce livre, l’esprit, les paroles mêmes de nos prédécesseurs, dont nous avons tant à cœur de perpétuer le souvenir au milieu de vous.

Quel autre ouvrage, N. T. C. F., que celui que nous vous offrons, embrasse, dans un cadre plus logique, avec des formules plus simples, en si peu de mots, autant de lumières, autant de notions sur le Créateur, sur l’homme, sur son origine, sa fin, ses devoirs et ses destinées ? C’est pour avoir oublié qu’on ne pouvait rien substituer à ce livre, que, préoccupés du malaise qui gagne les sociétés, tant d’esprits sont allés demander à d’imprudentes combinaisons ce que leur offraient les premiers éléments de notre Foi.

Stérile labeur, qui n’a enfanté jusqu’à ce jour que de désolantes théories et des actes plus coupables encore ! Que ces hommes recourent à leur Catéchisme, et ils s’étonneront d’avoir cherché ailleurs une solution que la Religion de Jésus-Christ a donnée depuis dix-huit siècles à tous leurs problèmes. Avec la prière et les Sacrements, par lesquels nous arrivent la force et le pardon, avec les trois vertus qui s’appellent la Foi, l’Espérance, et la Charité, nous sécherons plus de larmes, nous fermerons plus de blessures qu’avec tous les systèmes, toutes les utopies qu’on s’efforce de substituer aux simples et immuables maximes qui ont éclairé notre enfance.

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Pour vous, chers et bien-aimés Coopérateurs

Pour vous, chers et bien-aimés Coopérateurs, votre zèle n’a pas besoin d’être excité. Permettez-nous cependant de vous dire :

     Catéchisez toujours,

     éclairez vos enseignements par les exemples ;

     simplifiez-les par les paraboles,

     animez-les par le sentiment ;

     que votre langage prenne toutes les formes,

     et que votre charité toujours ingénieuse vous rende non seulement les amis, les sauveurs des petits enfants, mais aussi les évangélisateurs de ces grands enfants de nos cités et de nos campagnes, privés par le malheur des temps de toute instruction religieuse, et placés par là même en dehors de la voie du salut.

Un livre urgent.

Tout entiers à la recherche des biens de ce monde, plongés dans un matérialisme qu’on peut appeler l’adoration des sens, ils ont besoin qu’on leur prouve que tout ne meurt pas avec le corps et qu’il y a quelque chose au-dessus des richesses, des honneurs, des plaisirs d’ici-bas ; la tâche est rude : c’est toute une révolution opérer. Il faut se hâter de prendre la Croix d’une main, le Catéchisme de l’autre ; et si l’on ne vient pas nous entendre à l’église, portons les enseignements de la Religion au sein même de l’atelier, sur le sillon du laboureur et jusqu’au milieu du tumulte des camps. Si nos mœurs ne nous permettent plus de rechercher sur la place publique l’ignorant ou le pécheur, et d’y dresser la chaire évangélique, comme on le fait encore dans d’autres parties du monde chrétien, mettons-nous à la conquête individuelle des âmes.

Ce fut en suivant cette marche que, dans l’espace de deux siècles, la Foi se trouva maîtresse du monde. Aux mêmes moyens, les mêmes résultats ; aux mêmes luttes, les mêmes triomphes.

Le Christianisme n’a pas eu pour berceau les basiliques de Saint-Pierre de Rome ou de Notre-Dame de Paris, mais les bords solitaires de la mer de Galilée. Que l’évêque, que le prêtre se souviennent du jour où il fut dit à Simon, à André son frère, à Jean et à Jacques. « Vous êtes des pécheurs de poissons ; suivez-moi, je vous ferai devenir des pécheurs d’hommes ». (Matth. 4, 19)

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À ces causes

À ces causes,

et après en avoir conféré avec nos vénérables Frères les Chanoines et Chapitre de notre Église primatiale,

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit

Article premier.

Nous promulguons, par le présent Mandement, la nouvelle édition de notre Catéchisme, et nous ordonnons qu’il soit enseigné, à l’exclusion de tous les autres, dans les paroisses, séminaires, collèges, pensions et écoles de notre Diocèse, et d’après le droit que les saints Canons et la législation nous confèrent, nous en confions l’impression à M. L. CODERC, successeur de TH. LAFARGUE, imprimeur-libraire de cette ville.

Art. 2.

Ainsi qu’il est prescrit par le saint Concile de Trente et par le Concile de Bordeaux de 1850, MM. les Curés feront le Catéchisme tous les dimanches de l’année, excepté les principales fêtes, le temps consacré à remplir le devoir pascal, un mois à l’époque des moissons et autant à celle des vendanges, conformément aux Statuts du Diocèse.

Art. 3.

Le Catéchisme de première Communion aura lieu trois fois par semaine, pendant au moins six mois qui se prennent ordinairement depuis la Toussaint jusqu’au mois de mai.

Art. 4.

Épigraphe.

Le Catéchisme ne durera pas plus d’une heure. Il sera ouvert et fermé par la prière, et entremêlé autant que possible du chant des cantiques ou d’une partie de l’office divin, telle que le Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, ou de quelques versets des psaumes et des hymnes, afin que les enfants apprennent de bonne heure à chanter à l’église.

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Art. 5.

Aucun enfant ne sera admis à la première Communion s’il n’a suivi le Catéchisme pendant deux ans. Cette règle aura son application dès les premières Communions de 1856.

Art. 6.

Nous défendons, le cas de maladie grave excepté, qu’on admette à la première Communion des enfants âgés de moins de douze ans accomplis. Il n’y aura pas d’exception à cette règle pour les collèges, pensionnats et communautés.

Art. 7.

Nous ne faisons que renouveler les dispositions des Statuts diocésains, en recommandant avec instance :

1. un Catéchisme particulier, pendant un certain temps de l’année, en faveur des petits enfants de huit ans et au-dessus, pour leur enseigner, avec les premiers éléments de la Religion, leurs prières et quelques parties de l’Histoire sainte ;

2. les Catéchismes de persévérance, précieuse institution que tant de bénédictions accompagnent, que tant de fruits couronnent, et que nous signalons à l’émulation de nos bien-aimés Coopérateurs, comme la sauvegarde de la Foi et des mœurs. Il est plus facile qu’on ne le pense de les introduire, surtout pendant les Dimanches d’hiver.

 

Et sera lu notre présent Mandement, dans toutes les églises et chapelles de notre Diocèse, le Dimanche qui en suivra la réception.

Donné à Bordeaux, dans notre palais archiépiscopal, sous notre seing, le sceau de nos armes et le contreseing du Secrétaire de notre Archevêché, le 22 février 1855.

† Ferdinand, Cardinal DONNET, Archevêque de Bordeaux.

Par mandement de Son Éminence : Fonteneau, Secrétaire de l’Archevêché.

Diocèse de Bordeaux.

Cardinal Donnet [1704, 1855].